La vérité sur les véhicules électriques

Voiture électrique

La vérité sur les véhicules électriques

J’ai décidé d’écrire ce post simplement parce que j’en ai marre de répéter 100 fois les mêmes choses, en particulier sur les réseaux sociaux. Il me devenait plus simple de faire une synthèse des questions ou problèmes qui reviennent sans cesse sur ce sujet. Et je pourrais simplement renvoyer le lien vers cette page à chaque fois 🙂
On entend de tout et beaucoup de fausses idées ou “fake news” circulent. Certaines par méconnaissance du sujet, d’autres propagées intentionnellement entre autres par les lobbys pétroliers, ou simplement par des personnes qui n’ont rien d’autre à faire que de dénigrer toute nouveauté ou changement.
Le but ici est de regrouper des réponses déjà développées à maintes reprises et je me contenterais pour l’essentiel de rediriger sur d’autres articles ou études réalisées par des spécialistes. Tous ces articles ou études comportent des références vérifiables. J’essayerais de citer au maximum les sources et que les auteurs respectifs soient remerciés d’avance si j’ai omis involontairement, ou pas trouvé, leurs noms …

Le but n’est pas de convaincre mais de répondre aux questions et de synthétiser les infos vérifiées sur le sujet.
Je ne suis ni payé par les lobbys pétroliers, ni par les fabricants de voitures électriques, n’ai aucun intérêt à défendre ce secteur, si ce n’est de personnellement tout faire pour résoudre la problématique des émissions de CO2 et l’émission de particules fines.

La voiture électrique est polluante !

Je commence par ce premier postulat volontairement provocateur, pour que les choses soient très claires.

OUI une voiture électrique a un impact écologique important ! Comme toute fabrication industrielle humaine, elle demande des matières premières et de l’énergie et génère des déchets en fin de vie, sa fabrication peut comporter des problématiques sociales comme la qualité du travail pour la fabriquer ou extraire ses composants.

OUI la voiture électrique a un impact plus important sur la planète que les transports en commun ou que de se déplacer en vélo ou à pied.

Ceci étant posé le but est de montrer les vrais chiffres et surtout de montrer que les véhicules électriques sont bien moins impactant sur la planète que les véhicules thermiques individuels.

Les avions et bateaux polluent bien plus !

OUI un porte conteneur pollue comme des dizaines de milliers de voitures (aussi beaucoup de fakes chiffres circulent à ce sujet mais c’est une réalité quand même aux chiffres près) et les avions volent avec du Kérosène non taxé et c’est bien plus grave que les voitures des particuliers. Encore une fois le but n’est pas de savoir s’il y a plus grave ailleurs, mais de discuter de la simple comparaison entre véhicules électriques ou thermiques.

Sur ce point, pour corriger les chiffres qui circulent, et sans défendre ni les bateaux ni les avions, selon l’agence internationale pour l’énergie, le transport routier, en 2016, consommait 40,7 millions de barils par jour contre 11 pour les secteurs maritimes et aériens réunis.
Selon l’OCDE, en 2017, le fret «de surface» émet 2230 millions de tonnes de CO2, contre 929 millions de tonnes pour les frets aériens et maritimes réunis.

le transport maritime est de loin le moins impactant pour la planète en ce qui concerne le CO2.  Il utilise moins de 10 grammes de CO2 pour transporter une tonne de marchandise sur un kilomètre (contre 18 g pour le rail, 47 g pour la route et 560 g pour le fret aérien).

Par contre ce qui est vrai c’est que le transport maritime utilise du fioul fortement soufré et est responsable d’une forte pollution en oxyde de soufre, en oxyde d’azote et en particules fines.

Donc consommer moins de marchandises qui viennent de l’autre bout du monde et surtout agir sur le transport routier, représente une part énorme sur les possibilités de réduction des émissions en particulier de CO2 !

La voiture électrique consomme beaucoup de terres rares

Terres rares florilege fake news par Automobile propre

En résumé, cela est faux, il y a des terres rares dans les voitures électriques comme dans les voitures thermiques et pas plus. Elles sont utilisées dans les aimants (Néodyme) des petits moteurs, lèves vitres, essuie-glace, … mais les batteries n’en contiennent pas. L’élément posant parfois polémique dans les batteries est le Cobalt, qui n’est pas une terre rare, et celui-ci représente moins de 6% de la masse de batteries et encore moins chez Tesla et Renault qui se sont engagés à les réduire et garantir la filière d’approvisionnement. Par contre il y a des terres rares dans les catalyseurs des voitures thermiques…

L’extraction du lithium pollue la planète

http://environnement.vdc4.org/2017/08/18/lextraction-du-lithium-les-faits-vs-les-fakes/

En résumé c’est faux, l’extraction du Lithium se fait par pompage au fond de lacs puis évaporation pour séparer le sel de Lithium. Cela est infiniment moins polluant que l’extraction du pétrole, du gaz de Schiste ou pire du pétrole de Schiste.

Le recyclage est un problème

D’abord lorsqu’une batterie de voiture passe sous la barre de 80% de sa capacité de stockage (généralement bien au-delà de 5 ans et pas rare de voir des occasions à plus de 250’000 km) alors elle n’est de loin pas en fin de vie. Quand la batterie devient trop faible pour une voiture, tous les acteurs du marché les recyclent en système de stockage locaux et de régulation du réseau, comme des tampons pour des installations solaires, des systèmes de protection en cas de coupure du réseau, …
La durée de vie totale avant de devoir partir au recyclage est de l’ordre de 10 ans au minimum.

Aujourd’hui les batteries sont ensuite recyclées à 95 % et le lithium recyclé coûte moins cher sur le marché que celui extrait. La France est pionnière dans le domaine avec 3 grandes usines, dont une aux mains de Veolia. Certe l’article suivant est diffusé par Tesla, et donc pas complètement neutre, mais les 2 derniers paragraphes résument justement la chose.

https://www.tesla-mag.com/batteries-recyclables-bonnes-nouvelles/

Ce reportage complet montre aussi l’avance prise par la France et des sociétés comme la SNAM:

https://www.automobile-propre.com/recyclage-des-batteries-notre-visite-au-coeur-dune-usine-francaise/

Cet autre reportage sur EURO DIEUZE INDUSTRIE (EDI) du groupe VEOLIA

https://blog.acoze.org/lacoze-en-visite-euro-dieuze-industrie-recyclage-des-batteries/

Les ressources de lithium sont insuffisantes

Les ressources ne sont pas si faibles que l’on veut le dire mais surtout l’avenir à l’horizon 2025 est certainement à des batteries Sodium / Graphènes, deux ressources inépuisables et non polluantes. Donc il ne faut pas remettre en cause les véhicules électriques pour cela.
La vérité sur le lithium c’est qu’il est le 33ème élément le plus abondant sur Terre. Les réserves de lithium présentes dans le monde entier permettraient de produire plus de 10 milliards de voitures électriques équipées de batteries lithium-ion. Seule la capacité de production actuelle (2018) pose un souci pour couvrir la demande.

Un article avec quelques chiffres mais aussi quelques erreurs comme le fait de classer le Lithium dans les terres rares ce qui est évidement faux à la fois pour l’appellation commune de “rare” aux vues des réserves et à la foi d’un point de vue du tableau périodique des éléments (Mendeleïev).

Article ConsoGlobe

Si tous les véhicules passaient à l’électrique il faudrait des centrales nucléaires en plus !

Entièrement faux :

Pour faire rouler une voiture essence 100km il faut 7l d’essence et pour acheminer ces 7l d’essence du forage jusqu’à la pompe, il a fallu dépenser 11kWh d’énergie dont 4kWh sous forme d’électricité. Avec ces 11kWh une voiture électrique aurait parcouru 80Km.

https://www.automobile-propre.com/consommations-energetiques-cachees-vehicules-moteur-thermique/

Il est important de comprendre que le parc automobile ne sera pas converti à l’électrique du jour au lendemain. Le calcul doit être fait en tenant compte du taux annuel de renouvellement du parc auto. Si l’on considère que toutes les nouvelles voitures étaient électriques chaque année en France (100% du taux de renouvellement), soit 2 millions de voitures selon le rapport 2019 du gouvernement et que l’on compare cela avec les énergies électriques renouvelables induites la même année (moyenne officielle 2005-2019 solaire + éolien), cela donne les résultats suivants. Les 2 millions de voitures consommeraient 3 TWh par an. Les nouvelles énergies électriques renouvelables produiraient en parallèle aussi 3 TWh par an. Équilibre parfait et donc pas besoin de centrales en plus.

Les voitures électriques sont alimentées par des centrales au gaz et au charbon !

Mais oui ! absolument ! malheureusement la part du fossile dans la production d’électricité dans le mix Européen est encore (trop) importante et cela dépend beaucoup d’un pays à l’autre et cela sera encore le cas tant que les énergies renouvelables ne les remplaceront pas.

Mais là n’est pas la question car dans l’hypothèse la plus stupide que toute l’électricité nécessaire pour alimenter les véhicules électriques venait de centrales émettrices de CO2, et bien il y aurait déjà un gain énorme. En effet une centrale thermique tourne à rendement optimum constant, n’émet pas de fumée ni particules fines dans les villes. Une voiture essence par ses variations de régime constantes, plus sa consommation même à l’arrêt, a un rendement nettement inférieur. Donc même si toutes les voitures roulaient avec de l’électricité issue de fossile, le gain en émissions de CO2 serait certainement supérieur à 30% et la qualité de l’air dans les villes grandement améliorée.

En France, une étude de l’agence Santé publique, parue en 2016, estime que le nombre de morts dus aux particules fines s’élève à au moins 48.000 par an !
La plus grande partie de ces particules fines est issue de la combustion, mais il faut aussi compter sur celle issue des plaquettes de freins. La voiture électrique en a aussi, mais le fait qu’elles sont toutes équipées de système de récupération d’énergie au freinage permettant de recharger la batterie, ce frein moteur supplémentaire fait que l’usure des plaquettes de freins est d’en moyenne 6 fois plus faible que sur un véhicule thermique.

Voici le rapport de l’impact global d’un véhicule électrique comparé à un thermique et dépendant du mix électrique qu’il consomme pendant 150’000km. Notez que si l’électricité provient de panneaux solaires sur votre toit ce chiffre est encore bien meilleur avec un rapport proche de 30% par rapport au thermique et que au-delà de 150’000km le gain devient énorme.

Bilan VE pays

 

Une voiture électrique renferme beaucoup d’énergie et de CO2 gris

Oui la production de la batterie consomme beaucoup d’énergie et donc de CO2 caché.
En fait si on part de l’hypothèse que 18 tonnes de CO2 sont nécessaires pour la production d’un petit 1.6l cela est bien plus élevé que de fabriquer une batterie de 60kWh (150kg de CO2 / kWh) ! En fait vu le nombre de pièces d’un moteur thermique cela est assez évident!

J’invite vraiment à la lecture de ce rapport de ADEME qui date de 2014 et qui fixe les bases :
Rapport de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie

Il comporte de nombreux graphiques qui démontrent bien que la différence est énorme. le pire c’est que cette étude comme beaucoup d’autres, se base sur une hypothèse comparative de 150’000 km parcourus. Or on sait maintenant que la durée de vie des voitures électriques est beaucoup plus longue que celle des thermiques (probablement 2x plus en moyenne).

Une voiture électrique coûte beaucoup plus cher !

Encore une affirmation totalement fausse. Sans faire de la pub pour un modèle ou un autre une Zoé en location longue durée coûte moins cher par mois que le prix du carburant consommé par une thermique comparable.

Selon les pays, les taxes d’immatriculation sont beaucoup plus faibles, voire gratuites, la TVA complètement différente comme en Norvège (0% au lieu de 25%), les frais de service infiniment plus faibles, les plaquettes de freins ne s’usent que 6 x moins vite, et surtout carburant 10x moins cher ….
Au final la différence sur le prix brut neuf, qui effectivement peu avoisiner les 30%, est complètement gommée après environ 4 ans selon les modèles.

Tesla annonce déjà des batteries capables de tenir près de 1,5 millions de Km et les moteurs électriques peuvent sans autre tenir 500’000 km. Donc une voiture 30% plus chère à l’achat qu’une thermique, mais qui va durer 2 x plus longtemps au moins, est donc moins chère au final !

Le but de l’article n’étant pas de convaincre, il n’en demeure pas moins que ceux qui ne veulent pas franchir le pas, continuent de polluer plus, ce qui concerne la santé de tout le monde, mais surtout dépensent plus. Mais c’est leur droit !

J’ajoute que ceux qui achètent aujourd’hui un véhicule thermique et particulièrement diesel, bien moins cher qu’un équivalent électrique, doivent être conscients et accepter le fait que leur véhicule ne vaudra plus rien et sera totalement invendable sur le marché de l’occasion dans moins de 10 ans. Pas sûre que le calcul soit payant au bout du compte !

Une voiture électrique n’est pas aussi “sport” à conduire !

Heu alors là, seuls ceux qui n’ont jamais essayé peuvent le dire…. Une Tesla (2,9 sec 0 à 100km/h) pose sur place n’importe quelle sportive coûtant 4 fois plus chère. Une simple Zoé laisse sur place une Golf au démarrage, … Bref grand amoureux du sport automobile depuis près de 40 ans j’ai autant de plaisir à conduire certaines électriques que de nombreuses sportives. Oui le plaisir n’est pas le même, mais il est bien là AUSSI (et pas forcément à la place) !

L’auteur

Olivier Bourgeois
Ingénieur Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) électricité 1992
Prix “Homme, Technique et Environnement” de l’EPFL
Membre du parti Vert’libéral Suisse
Passionné par la technologie et l’écologie depuis plus de 30 ans

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